
A feu et à sang
D’abord ce fut la consternation. Les portables vibrent, les émissions sont interrompues, le ton est grave : « Trois déflagrations se sont fait entendre aux alentours du Stade de France dans lequel se tenait le match amical opposant la France à l’Allemagne ».
Quelle image que celle de Patrick Evra, s’arrêtant de jouer, interloqué par le bruit sourd d’une des explosions. Football et terrorisme, rencontre aussi inattendue que terrifiante.
Le choc n’en est que plus brutal lorsqu’on apprend que les trois explosions sont dues à des attentats-suicides. « Ils se sont fait exploser », répète-t-on sur BFM. Des kamikazes à Saint-Denis, on ne parle pas de fiction mais bien d’assassins. La stupeur est grande : c’est la première fois que de tels actes sont observés en France.
A partir de 21:15, la France n’aura d’yeux que pour sa capitale, mise à feu et à sang. Du Stade de France, les caméras se tournent alors vers le X et XIème arrondissements de Paris.
Les informations arrivent en masse sur nos TV, radios et smartphones. Une première fusillade, on en annonce une deuxième, encore une autre…
C’est finalement trois attaques au fusil mitrailleur qui sont recensées. La première est située rue Alibert, entre le bar Le Carillon et le restaurant Le Petit Cambodge, entre 12 et 14 individus sont tombés sous les balles. A 21:45, rue de la Fontaine-au-Roi, 5 personnes ont été abattues et enfin aux alentours de 22 heures, rue de Charonne, à la terrasse du bar La Belle Equipe, 19 personnes ont perdu la vie.
A chaque fois, les premiers témoignages décrivent la même chose : des tueurs froids, méthodiques et déterminés qui font « un massacre » partout où ils passent. Chaque nouvelle nous rapproche de la certitude d’une opération organisée, rassemblant plusieurs terroristes qui agissent de façon concertée.
A la suite de ces différentes attaques, chacun ne peut que se remémorer les événements de janvier dernier. Plus que de la peur, ces nouveaux attentats font naître une forme de chaos, d’incrédulité, de sidération. Le bilan des victimes augmente de minutes en minutes et n'a pas de prècédents sur le sol français depuis 1945.
Le choc est violent. Comme une partition déjà écrite, les attaques se succèdent. L'organisation des terroristes est telle, que les forces de l'ordre ne peuvent prendre les devants des opérations, ils subissent l'action des tueurs.
Parallèlement à ces fusillades, une prise d’otage est annoncée dans la salle de spectacle du Bataclan.
Sur scène, se produisait, le groupe californien « Eagles of Death Metal ». La salle est comble, les 1500 places qu’offre le Bataclan sont toutes occupées. Quatre hommes armés entrent et déchargent leurs armes sur la foule. Certains réussissent à s’extirper de la masse et à rejoindre un abri quand d’autres se couchent par terre pour éviter les balles de kalachnikovs. A minuit et demi, la brigade de recherche et d’intervention (BRI) accompagnée du RAID, donne l’assaut. Un terroriste est abattu, trois autres se seraient « fait sauter » avec leur ceinture d’explosifs. Les rescapés témoignent d’une « boucherie » qui aurait fait au moins 80 victimes.
Les autorités évaluent le nombre de tués à 128 ce matin, bilan non définitif au vu des quelques 255 blessés dont une grande partie est hospitalisée « en urgence absolue ».
C’est avec émotion que le Président de la République s’est exprimé à plusieurs reprises depuis les attentats. Dès hier soir, il déclarait l'état d'urgence sur tout le territoire. De la même manière, le chef de l’Etat a également demandé un renforcement des contrôles aux frontières.
François Hollande est par la suite apparu ferme et déterminé : "Quand des terroristes sont prêts à commettre de telles atrocités, ils doivent savoir qu'il y a en face une France déterminée. Nous allons mener le combat, il sera impitoyable »
Faisant suite à ces attaques, de nombreuses marques de soutien ont été adressées notamment par Barack Obama, Vladimir Poutine ou encore par les premiers ministres anglais, chinois et espagnols.
Ces attentats que Mr Hollande qualifie « d’acte de guerre », ont été revendiqués par l’Organisation de l’Etat Islamique en fin de matinée. L’identité des tueurs, quant à elle, reste trouble.
Paris n’avait jamais été tant meurtrie depuis la Seconde Guerre mondiale. En 1995, le GIA de Khaled Kelkal avait provoqué la mort de 8 personnes en quatre mois. En janvier dernier, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly avaient exécuté 17 individus en deux jours. Hier soir, huit fanatiques ont assassiné 128 innocents, ravivant les plaies encore ouvertes du traumatisme « Charlie ».
Quelles seront les conséquences de ces attaques ?
La COP 21 se tenant à la fin du mois à Paris semble être l’échéance sur laquelle tous les yeux se tournent. En effet la venue de 195 délégations internationales nécessite un dispositif de sécurité intraitable, les attentats d’hier permettent de douter de cette capacité.
Un possible engagement au sol en Syrie et en Irak reste une hypothèse envisageable suite à l’ampleur des évènements d’hier.
D’autre part, la sécurité se voit largement renforcée sur l’ensemble du territoire.
« Ce que les terroristes veulent, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi. Il y a de quoi avoir peur, il y a l’effroi. Mais il y a face à l’effroi une Nation qui sait se défendre, qui sait mobiliser ses forces, et qui une fois encore saura vaincre les terroristes »
F. Hollande


